Né en 1928 à Kyoto dans une célèbre famille de peintres, son père est collectionneur de céramiques et calligraphies japonaises anciennes. Dès l’âge de 13 ans, Hisao Domoto commence à peindre, puis intègre l’Ecole des Beaux-Arts de Kyoto de 1945 à 1949.

 

Dès 1948, il expose au Salon de l’Académie de Tokyo. En 1952, il effectue son premier voyage en Europe et visite l’Italie, l’Espagne et la France où il passera plusieurs mois et fera la connaissance de ses compatriotes : Yasse Tabuchi, Toshimitsu Imai, Key Sato et Kumi Sugai. La découverte des œuvres de Dubuffet et Marino Marini, le conduit à rompre avec la peinture classique japonaise.

 

Il s’installe à Paris à partir de 1955 et y demeure jusqu’en 1965. Il s’établit à la Grande Chaumière dans l’atelier de Goetz, et se lie avec Sam Francis, Riopelle, Soulages et Zao Wou-Ki. Au cours de ces dix années parisiennes il joue un rôle de premier plan dans la promotion de l’art informel, passeur engagé de l’avant-garde japonaise auprès des artistes occidentaux. Il est l’une des figures marquantes de l’abstraction lyrique tout en menant une carrière singulière indissociable de sa culture japonaise.

 

Représenté par la galerie Stadler de 1957 au début des années 1960, il fait également parti un temps du mouvement Gutai. Domoto rencontre Michel Tapié à la fin des années 50 et ils entretiennent une relation singulière : Tapié écrit de nombreuses préfaces pour ses expositions et se montre élogieux lorsqu’il écrit sur lui. Sa première exposition personnelle à la galerie Stadler en 1957 lui permet d’affirmer son appartenance aux Informels.

 

Domoto a un goût pour les formes, leur représentation dans l’espace mais aussi pour les couleurs : tonalités vives, transparences et opacités qui répondent aux vermillons purs. Il  propose dans ses toiles une écriture qui joue aussi sur les pleins et les vides dans une dualité réfléchie. Sa peinture « se caractérise par une écriture dynamique faisant intervenir des éclaboussures colorées d’essence orientale, et dont la gestualité, tout en évoquant le mouvement des éléments, s’intègre à l’expressionisme abstrait européen ».

 Lydia Harambourg (L’Ecole de Paris 1945 -1965, Dictionnaire des Peintres, p.148).

 

En 1959, la célèbre Galerie Martha Jackson lui consacre une exposition personnelle à New- York. Il y expose des œuvres dont le style est en mutation. En effet dès le début des années 60, il commence à accorder à la forme circulaire une importance symbolique : pour lui le rond est la base de chaque forme « Si on l’agrandit, celui devient un immense rond et cela donne une surface. Si on le réduit, celui-ci donne un point et l’accumulation de ces points donne la ligne. ».

 

A partir de 1963, un style émerge dans l’œuvre de Domoto, Il se détache de l’abstraction lyrique, des informels européens et se dirige vers une nouvelle recherche : il divise ses toiles en plusieurs parties, utilise des collages en forme de plissés parallèles, se concentre sur des couleurs contrastées et des formes géométriques. Il les appelle « Solutions de Continuités ». Cette approche se base sur l’étude du yin et du yang et des formes symboliques rectangulaires. Ses œuvres s’inscrivant dans cette nouvelle notion sont récompensées à la Biennale de Venise par le Prix Arthur Lejwa en 1964.

 

 « Ce sont des assemblages de bandes horizontales (…) dont la disposition, loin d’être laissée au hasard, obéit à des rapports mathématiques précis. De très nombreuses combinaisons de formes en relation rythmique apparaissent ainsi. L’effet décoratif est évident, mais il est transcendé par excès : la couleur pure qui est substituée à l’ancienne trame tachiste est une abstraction symbolique de l’espace et de la vie. Au-delà de l’effet purement plastique une bouleversante vérité se manifeste, celle d’un nombre, d’une proportion, d’un rapport. »

Pierre Restany (Hisao Domoto, revue « Cimaise », 1963).

 

A partir des années 1970, Domoto entame sa troisième période stylistique évoluant vers des structures géométriques dérivées de phénomènes naturels, à la symbolique forte, en donnant une signification profonde à ses compositions basées sur une véritable dialectique des formes. Les toiles sont connues sous le nom des « Réactions en chaîne », ou « Possibilité de Réactions en chaîne ».

 

 En 1979, le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris lui consacre sa première grande rétrospective. Puis les années 80, dernière période de l’artiste, voient éclore dans les toiles de Domoto une forme de tachisme, signe d’une pureté et d’une simplicité extrême, aboutissement d’une vie de recherche menant à un minimalisme finalement bien japonais.

 

En 2005, le National Museum of Modern Art de Kyoto lui organise une seconde grande rétrospective. Domoto décède en 2013 à l’âge de 85 ans, au Japon.