Kumi Sugai né en 1919 à Kobe au Japon, dans une famille de musiciens classiques japonais. Il réalise ses premières œuvres à l’huile à l’âge de neuf ans et devient étudiant à l’Ecole des beaux-arts d’Osaka en 1933. Il est l’un des premiers artistes japonais à joindre la scène des avant-gardes internationale.
Au cours des années 1940, Sugai se familiarise progressivement avec le travail d’artistes européens tels que Max Ernst, Paul Klee et Joan Miró qui marquent son œuvre. A la fin de cette décennie, il découvre le travail des Américains Alexander Calder et Jackson Pollock à travers des magazines d’art.
En 1952, Sugai s’installe à Paris rue Delambre, où il découvre les mouvements d’avant-garde européens. Il est influencé par l’abstraction lyrique, le tachisme et l’art informel, tout en intégrant des éléments de la calligraphie japonaise dans son travail. Ses premières œuvres parisiennes, marquées par une gestuelle expressive, rappellent l’esthétique du groupe Gutai, bien qu’il n’en fasse pas partie officiellement. Il s’inscrit à l’Académie de la Grande Chaumière et il est introduit aux membres du groupe Cobra par le sculpteur Shinkichi Tajiri. Il se lie avec Doucet et Corneille et participe au Salon d’Automne de 1953.
Sugai est proche du milieu de l’Art Informel et bénéficie des soutiens des critiques Jean-Clarence Lambert et Roger van Gindertael. Il a sa première exposition personnelle à la Galerie Craven en 1953. A partir de 1955, il s’initie avec Jean Pons à Paris à la gravure et surtout la lithographie qui deviendra pour l’artiste un art à part entière.
Ses peintures sont symboliques et leur structure rappelle parfois des idéogrammes. Associés à une palette riche et à ses thèmes anthropomorphes : ses toiles font écho à des éléments japonais traditionnels comme le torii (portail japonais), les lanternes de pierre ou encore des motifs en lien avec les samouraïs. Il associe signe, forme et matière.
Sugai s’installe dans une maison près du Parc Montsouris dans le 14ème arrondissement et son atelier lui permet d’avoir sa propre presse et tirer lui-même ses impressions. Le critique d’art Michel Ragon est d’un grand soutient pour Sugai. Il l’invite notamment aux expositions collectives de la jeune « Nouvelle Ecole de Paris » abstraite qui sont organisées de 1955 à 1957, à Paris. Cette dernière année, il expose ses peintures à la galerie Le Gendre et ses gouaches à la galerie La Roue. Il y présente un bestiaire qui lui est singulier, très influencé par la tradition japonaise, dans des paysages imaginaires.
Dans les années 1960, son style évolue vers une abstraction plus géométrique et minimaliste, influencée par l'esthétique du design et de la signalétique urbaine. Ses formes épurées et ses couleurs franches rappellent l’univers des idéogrammes et des symboles japonais. Il se distingue également par ses estampes et lithographies, qui connaissent un grand succès international.
Il recevra en 1960 le prix du Musée national d’Art Moderne de Tokyo à la biennale internationale de gravure. Considéré comme faisant partie des mouvements de la Nouvelle Ecole de Paris et du Nouveau Réalisme, il commence en 1962 à s’éloigner de l’abstraction en vogue à son arrivée à Paris, passant de motifs organiques calligraphiques, principalement monochromes, à une imagerie géométrique plus dure, un art abstrait qualifié de « hard-edge ». Sa nouvelle inspiration s’épanouit alors sur de grands formats.
Il expose galerie Crouzevault en 1963 et en 1974 dans la Galerie Esplanade de la Défense. Le reste de ses expositions se font plutôt à l’étranger, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et à la galerie Saint George de Londres (1954), à la Biennale de Sao Paulo (1959), à la galerie Kootz à New York (1959 à 1964), mais aussi en Allemagne et en Scandinavie. Le musée d’Art Ohara organise une rétrospective à son sujet en 1984, et il participe en 1986 à l’exposition « Japon des Avants Gardes 1910-1970 » au centre Pompidou à Paris.
Sugai fait partie de la première génération d’artistes japonais à s’être familiarisée avec les techniques de peinture occidentale. Son œuvre est aujourd’hui reconnue comme une contribution majeure à l’art abstrait du XXe siècle, mêlant subtilement la culture japonaise et les influences occidentales modernes. Il décède en 1996 à Kobe, au Japon.