Yasse Tabuchi né en 1921 à Kitakyushu, au sud du Japon. Il est d’abord mobilisé dans la marine et l’aviation pendant la Seconde guerre mondiale et suit ensuite des études d’Histoire de l’Art à l’Université impériale de Tokyo entre 1946 et 1951. En parallèle il participe à des expositions dès 1947, et obtient le prix Okada en 1949. En 1950 une sélection d’œuvres du Salon de Mai présentée à Tokyo éveille sa curiosité.
Fasciné par la peinture d’avant-garde, il décide de venir s’installer à Paris dès 1951. D’abord établi à la cité universitaire, il sous-loue ensuite un atelier rue Delambre, où il est le voisin de Kumi Sugai. Il intègre l’Université Sorbonne Paris IV, et se lie d’amitié avec Alechinsky, Dubuffet, Michaux et Hartung. Il se rapproche des artistes du mouvement COBRA, dont Karel Appel, Corneille et Asger Jorn.
Dès 1953 il expose au Salon des Réalités Virtuelles, puis à partir de 1955 au Salon de Mai. Il fréquente le Dôme et rencontre là-bas tous les jeunes artistes venus à Paris. Une grande curiosité le pousse à visiter l’Europe. Il part au Danemark où il s’intéresse à l’archéologie scandinave et réalise sa première exposition personnelle à Copenhague en 1954. Une seconde exposition lui est consacrée en 1955 au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Puis il voyage également aux Pays-Bas et en Allemagne, avant sa première exposition organisée par la Galerie Lucien Durand à Paris en 1956.
Les œuvres de Tabuchi sont marquées par des formes organiques, inspirées de la nature et évoquant parfois des paysages cosmiques ; où souvent l’on retrouve une palette de couleurs vives et lumineuses, où dominent le bleu, le rouge, le jaune et l’orange ; mais également une gestuelle libre qui rappelle la calligraphie japonaise et l’action painting. Abandonnant les tendances surréalistes de ses premières toiles, Tabuchi élabore une figuration poétique, mélange d’images intérieures et d’emblèmes mystiques qu’évoquent des signes picturaux. Le graphisme de ses débuts a disparu et ses compositions se résument en taches de couleurs « Explosion végétale et chromatique où la souplesse des lignes et des formes se soumet spontanément à une composition à la fois dynamique et stable » (Georges Boudaille, exposition Yasse Tabuchi, revue « Cimaise » mars-avril 1956.)
Tabuchi occupe une place singulière dans la nouvelle Ecole de Paris. Il touche à tout : tantôt aquarelliste, graveur, lithographe et céramiste, il est une personnalité discrète et inspirée.
D’ailleurs dès 1959, il emménage dans le village de Vauhallan, dans l’Essonne, où il vivra et travaillera jusqu’à la fin de ses jours. Il est proche de Foujita qui habite près de chez lui. Bien que produisant ses œuvres en France de 1951 à sa mort, il conserve une grande influence de ses origines japonaises dans son travail, ce qui explique que l'on retrouve souvent des motifs récurrents traditionnels ainsi que des prismes arc-en-ciel issus de tâches blanches qu'il appelle « monades ». Il utilise également de manière assez régulière la feuille d'or ou le format diptyque.
Il retourne au Japon en 1960 pour une exposition majeure à la Tokyo Gallery. En 1964, il signe un contrat avec Jean Pollak, directeur de la prestigieuse Galerie Ariel à Paris. Il publiera dans sa langue natale sept livres portant notamment sur les sensibilités et les pensées comparées de l’Occident et de l’Orient.
L’artiste réalise plusieurs décorations architecturales, parmi lesquelles on faut citer l'important ensemble du hall du Centre Culturel Philips à Eindhoven (Pays-Bas) et l’immense mur de céramique du 20th Century Art Museum d’Ikeda au Japon. Son travail est exposé à de nombreuses occasions tant lors d'expositions personnelles que collectives en France, au Japon et en Belgique. Par ailleurs, plusieurs rétrospectives lui sont consacrées : en 1982 au Musée municipal de Kitakyushu, en 1990 au Musée national de Tokyo ou encore en 2014 au Musée d’Art Moderne de Kamakura au Japon.
En 1985, il est décoré de la médaille d’Officier des Arts et des Lettres. Il décède en 2009 à Vauhallan à l’âge de 88 ans.